DOSSIER SPÉCIAL : Le Fléau des Bâtons de la Mort

- Par Anjet Okeco

Pori Nate ressemble à beaucoup d'autres adolescents de quinze ans. En entrant dans la chambre qu'il occupe chez ses parents, dans le quartier Jrade, vous pouvez aisément deviner ses passions. Un violon électrique traîne sur son bureau. Des affiches stylisées à l’effigie des quatre derniers tournois de D.T. Spool et des Skroaches recouvrent chaque mur. Ses cahiers d'écolier restent fermés parce qu'il ne s'occupe de ses devoirs qu'à la dernière minute.

Toutefois, ce que vous ou ses parents ne trouverez pas, ce sont les preuves de son vice.

Pori a 15 ans et est accro aux bâtons de la mort.

« On va pas en faire toute une affaire », se défend-il. « Seulement un bâton ou deux par semaine, tout au plus. C'est pas comme si j'étais accro. Ça enjolive un peu la journée, voyez-vous ? »

Pori Nate (le nom a été modifié) fait partie des millions de jeunes toxicomanes dénombrés par les Responsables de Santé de Coruscant, et des milliers d'autres plongent chaque semaine dans ces stupéfiants illégaux. Le problème n'est plus cantonné aux environnements troubles que sont les bas-fonds. À l’instar de la moisissure qui se répand en grimpant sur les plus imposantes des tours, ce fléau se propage non seulement numériquement, mais touche désormais davantage de classes sociales.

Les jeunes désœuvrés y voient une porte ouverte teintée d'excitation vers les niveaux inférieurs, où les réglementations liées à l'âge limite de consommation sont facilement négligées au profit de crédits faciles. Ces jeunes gens issus de milieux favorisés ont beaucoup d'argent à dépenser, leurs ressources monétaires dépassant parfois les maigres revenus des oubliés des bas-fonds.

« Nous avons tendance à nous rendre principalement dans les bars aliens », raconte Pori. « Les Swokes Swokes et les Duros n'arrivent jamais à distinguer l'âge que les humains ont réellement, alors nous réussissons à entrer sans même être scannés. » C’est dans un bar chev sauvage que Pori a rencontré son premier dealer.

Les dealers sont souvent des trafiquants de stupéfiants qui revendent sans permis des produits pharmaceutiques. La plupart d'entre eux n'ont aucune idée de la composition de ce qu'ils acheminent, beaucoup étant d’ailleurs eux-mêmes accro à la marchandise de leurs employeurs. Dans les bas-fonds, les produits pharmaceutiques altérés ont même surpassé les épices, jusqu’à devenir la première catégorie de stupéfiants en circulation.

Ce fléau se retrouve logiquement dans les boîtes de nuit des bas-fonds, où les bâtons de la mort rencontrent un franc succès. Obtenus à partir d'Ixétal cilona traité, ils provoquent une certaine euphorie, tout en réduisant considérablement l'espérance de vie de leurs consommateurs. Ils existent dans une large variété de formats, tous cylindriques conformément à leur nom en argot. Les versions compactes peuvent être fumées ou pulvérisées puis inhalées, tandis que la forme liquide est communément ingérée, le plus souvent en tant que complément incolore des boissons alcoolisées.

C'est cette dernière option pour laquelle a opté Pori. « Je ne peux pas vous dire où je les ai eus parce que je ne veux pas être grillé », assure-t-il en secouant le cylindre avec précaution, remuant ainsi son contenu. Pori ouvre alors une canette de Fizzyglug et verse rapidement la mixture à l'intérieur. « C'est plus trippant avec les bulles », confie-t-il.

Bien qu’indéniablement toxicomane, Pori se cloître toujours dans une illusion de contrôle. Mais après chaque nouvelle dose, le désir d'une réaction plus puissante augmente.

« C'est l'apathie qui conduit généralement les jeunes à ces substances, qui les amène ensuite à devenir de plus en plus apathiques à chaque nouveau 'voyage' », explique Moleese, le directeur du programme "Sortir de l'Ombre". « Il leur est très difficile de se désintoxiquer sans assistance médicale. »

Moleese met l'accent sur l'importance de l'implication parentale pour la détection précoce des symptômes. « Regardez attentivement et demandez-vous si les habitudes de vos enfants ont changé. Où vont-ils la nuit ? Comment leur argent est-il dépensé ? Quels types de personnes fréquentent-ils ? Si vous, en tant que parent, ne pouvez pas répondre facilement à ces questions, cela veut dire que votre enfant est déjà en danger. »

Vos enfants sont-ils en sécurité ?